[Causeries au Château] avec le violoniste Patrizio Germone
Souvenez-vous, il a joué du bistouri et des ventouses dans la fameuse clinique baroque du Docteur Nicolas Achten l’an dernier au festival « Embaroquement immédiat » en l’église Saint-Jacques de Marly ! J’ai de nouveau croisé Patrizio Germone il y a peu, en juin, lors de la fête de Marchipont : au violon, il essayait de nous aider à trouver le bon rythme dans des danses renaissances ! Nos échecs successifs n’ont pas eu raison de sa bonne humeur, bien au contraire. J’ai profité de cette occasion pour « faire tapisserie » quelques instants en sa compagnie, histoire de mieux le connaître : j’ai découvert un violoniste gai, né avec le sourire généreux du Piémont, et d’une gentillesse incroyable ! Il inaugurera les rencontres musicales au Château de l’Hermitage le jeudi 30 août à 17h : d’aucuns diront que manquer ce rendez-vous serait une faute de goût !
Cher Patrizio, tu vas jouer au Château de l’Hermitage et découvrir ce lieu magnifique. Pourrais-tu nous présenter un lieu d’exception dans lequel tu as joué et qui est resté gravé dans ta mémoire ?
Cher Michel, c’est amusant que tu me poses cette question, parce qu’un des lieux les plus beaux où j’ai eu la chance de pouvoir jouer, c’est « l’Hermitage » mais… celui de St. Petersbourg en Russie! On m’avait annoncé que la météo n’était jamais favorable hormis quelques jours par an !!! Eh bien cette fois-là… le temps était magnifique, la lumière se reflétait sur le fleuve Neva et créait une ambiance magique dans le musée. C’était toujours avec l’ensemble « Hemiolia », on jouait des trios de Pierre Crémont, un compositeur romantique auvergnat qui avait travaillé à la cour du Tzar.
Quelle belle coïncidence, et quel heureux présage pour la participation de ton ensemble aux rencontres musicales au Château! Mais quittons les splendeurs des Tsars et revenons à notre quotidien ! Puisque nous serons un peu chez nous pendant ces 4 magnifiques journées au Château, j’aimerais connaître un peu de ton « chez toi » ! Serait-il envisageable que tu nous décrives en quelques mots la vue que tu préfères depuis une de tes fenêtres ? (Nous ne serions pas contre une petite photo !)
Et bien en fait, ça ne fait pas longtemps que j’ai déménagé à Arras, magnifique ville du Pas de Calais. Le premier jour, à peine installé dans mon nouveau logement, j’étais tellement fier et enthousiaste de ce changement que j’ai décidé de prendre une belle photo pour montrer la vue de ma fenêtre à mes parents et à mes amis. Je me suis penché, peut-être un peu trop, au point que mes voisins d’en face ont beaucoup rigolé…Ils m’ont pris en effet pour un touriste! J’ai de la chance: je vois le monument qui a été élu monument préféré des français en 2016…Le Beffroi de la ville !
Comme je voyage beaucoup, revenir chez moi et pouvoir profiter de cette vue ainsi que de cette ville agréable et calme, me procurent un repos bienfaisant et m’inspirent même dans mon jeux.
Merci Patrizio de nous partager un peu de ton intimité. Cependant il semble temps de revenir à nous moutons (J’entends le Chef Yannick me rappeler discrètement à l’ordre !) : quid du programme que tu vas interpréter avec ton ensemble « Hémiolia »? N’hésite pas à nous mettre l’eau à la bouche !!!
Le programme qu’on jouera le jeudi 30 août à 17h a été conçu pour l’exposition “Napoléon” que l’on peut visiter justement au musée des Beaux-Arts d’Arras jusqu’à cet automne. (Je vous la conseille vivement!) Notre concert aura donc comme protagonistes des compositeurs dont les œuvres furent assurément très appréciées par l’épouse de Napoléon: Joséphine de Beauharnais! Elle favorisait les Arts et surtout la Musique. L’impératrice avait du goût puisqu’elle appréciait tout particulièrement la musique italienne ! (éclat de rire spontané et clin d’œil de Patrizio) Et c’est pour cela que nous allons jouer des trios de Boccherini. Nous jouerons aussi du Pleyel, compositeur autrichien qui a eu un énorme succès à Paris non seulement pour ses compositions mais aussi pour sa maison d’édition musicale ainsi que pour sa nouvelle conception du piano à “échappement simple” (le cordes n’étaient plus pincés mais frappés par un marteau!).
Il y avait bien entendu aussi à la cour de l’Impératrice des compositeurs de sa nation, la France! C’est pour cela que nous allons aussi interpréter de la musique de Hyacinthe Jadin. Ce dernier est le compositeur le plus “romantique” de notre programme, il anticipe les sentiments et les émotions qu’on retrouvera plus tard chez Schubert. La musique de Jadin est d’une délicatesse et d’une profondeur incroyables et nous aurons grand plaisir à vous la faire découvrir !
Mais justement, tu ne viens pas seul avec ton violon ! Peux-tu nous dire quelques mots de tes partenaires, et surtout, confie-nous ce qui te rend heureux de jouer avec eux ?
Que dire de mes deux “collègues”? En fait les appeler “collègues” me semble dénigrant: ils sont mes meilleurs amis ! Je ne parlais pas encore un mot de français quand Claire, élève au Conservatoire de Paris en même temps que moi, s’est approchée en cherchant à m’apprendre le français. Je lui faisais de la peine! (sourire ému de Patrizio). De mon côté, je suis fier de l’avoir emmenée en Italie et de lui avoir fait apprendre l’italien : nous n’avons pas étudié ensemble qu’à Paris mais aussi en Sicile… Pour tout vous dire, on n’a pas beaucoup étudié, on a surtout bien mangé et bien rigolé ! Quant à Raffaele, il était déjà étudiant en musique ancienne à Palerme quand on est arrivés en France et qu’une colocation nous a été proposée. Nous avons tous les deux partagé les plus beaux moments de notre vie… et on va encore en partager !
Merci Patrizio de nous avoir partagé avec ton cœur ces quelques beaux moments de vie. Nous sommes par avance heureux d’en partager un nouveau avec toi et tes « meilleurs amis » au Château de l’Hermitage le jeudi 30 août à 17h, et… n’oublie pas d’amener avec ton sourire un peu du doux soleil de l’Italie pour fêter l’événement !
