LES PLAISIRS DU LOUVRE
Airs pour la Chambre de Louis XIII
Un océan de miniatures délicatement ciselées s’offre aujourd’hui à nos oreilles. La nuit, l’amour, le mystère, la métamorphose, la mythologie…, tels sont les ingrédients savoureux de la poétique de l’air de cour qui, durant le règne de Louis XIII, mobilise l’élite des compositeurs. Le plus réputé d’entre eux, Boesset, fera évoluer l’air polyphonique hérité de la Renaissance vers une conception plus intime, loin des fastes à venir à l’ombre du Roi-Soleil.
En cette première partie du Grand siècle, quand les Précieuses gouvernent la mode et les arts, les salons sont au centre du monde : on y reçoit, on y cause, on y échange sur les sujets scientifiques du moment, déclame des vers, confronte ses points de vue sur les spectacles. Et l’on y entend continuellement de la musique, à l’heure où chanter et jouer du luth sont les signes d’une éducation et d’un raffinement parfaits.
Le premier gentilhomme de France, Louis XIII lui-même est aussi bien danseur, que musicien, et même compositeur (nous entendrons une de ses œuvres pendant le concert). Sous son règne, la ville et la cour s’influencent mutuellement, faisant évoluer les aspirations et les pratiques. Si l’on aime en société chanter les airs provenant des ballets dansés par ou devant le roi et la reine, la cour cède à son tour à cette culture galante qui inonde les salons parisiens.
Ainsi, la cour de France et la Chambre de Louis XIII sont le miroir de toute cette vie artistique des salons : autour du roi-musicien, les musiciens de la Chambre composent une fine équipe de talents individuels qui brillent tant par leurs interprétations que par leurs compositions - citons Chambonnières, Etienne Moulinié, Louis Couperin et bien sûr Antoine Boësset, personnalité́ musicale qui aura suscité le plus d’enthousiasme et de passion : ses airs sont imprimés en nombre, adaptés (voix et luth ou en polyphonie) et apparaissent pour certains dans les grands ballets royaux depuis la fin des années 1610 jusque bien après sa mort en 1643.
Avec l’ensemble Correspondances largement reconnu, sur scène comme au disque (16 enregistrements aux nombreuses récompenses), laissons-nous guider par les échos de ces “Plaisirs” : peuplés de divinités parfois étranges et fantasques, de personnages allégoriques ou issus de l’univers galant, ils faisaient les délices de Louis XIII, des reines Marie de Médicis et Anne d’Autriche et de la cour, dans ce Louvre qui fut, avant Versailles, la résidence emblématique des rois de France et le théâtre du pouvoir.
ENSEMBLE CORRESPONDANCES
Caroline Bardot, Perrine Devillers | Dessus
Sylvie Bedouelle | Bas-dessus
Antonin Rondepierre | Taille
Étienne Bazola | Basse-taille
Maxime Saïu | Basse
Mathilde Vialle, Étienne Floutier | Violes de gambe
Lucile Perret | Flûte
Thibaut Roussel | Théorbe
Sébastien Daucé | Orgue, clavecin et direction
