[L’entretien des Muses] avec l’ensemble Fuoco E Cenere

Retenez bien cet événement : le samedi 18 mai 2019 à 20h00, l’Église Saint-Antoine de Quarouble ouvrira exceptionnellement l’immense toit de sa nef pour faire briller l’astre de la nuit et les constellations au-dessus de nos têtes ! Les yeux levés vers le ciel, nous nous laisserons guider par l’ensemble « Fuoco E Cenere » pour surprendre les Dieux, leurs amours, et entendre siffler les flèches décochées par Cupidon ! Monteverdi, Lulli, Cavalli, Campra, Bellinzani… nous aideront à décrypter la voute étoilée… En avant-première et pour vous, le violiste et directeur de l’ensemble Jay Bernfeld nous dévoile la « météo héroïco-amoureuse» annoncée dans le ciel de l’Olympe hennuyère à la mi-mai !

 

 

Cher Jay, je remarque la présence au sein de votre ensemble d’un vidéaste… que nous proposez-vous au juste: un concert, un spectacle vidéo, une forme hybride… ? Y aura-t-il donc autant à voir qu’à entendre…

 

J’aime les opéras de chambre, le spectacle total dans lequel on peut s’envelopper, se perdre. Les sujets eux-mêmes suggèrent les techniques les plus adaptées afin de sortir le spectateur de sa vie de tous les jours et le faire voyager avec nous. La mythologie en musique, les tableaux des atlas célestes et le ciel - le trio d’ingrédients pour cette nouvelle recette demande un art nerveux et capable de métamorphose, ce qui explique notre invitation au vidéaste Sébastien Sidaner à voyager avec nous parmi les étoiles.

 

Eh bien je suis très curieux de « goûter » cette nouvelle recette et je pense que je ne serai pas le seul ! (Nous sommes gourmands et gourmets dans le Nord !!!)

 

« Ciel, mes constellations ! », à l’écoute du titre de votre concert, je ne peux m’empêcher de penser à la Castafiore s’écriant « Ciel, mes bijoux » !!! Y aura–t-il une ou plusieurs « divas » pour illuminer cette voute céleste ?

 

En fait, j’ai choisi ce titre pour son double sens. D’abord l’éternelle surprise de Jupiter, souverain des dieux, avec sa faiblesse que trop humaine face à la beauté, pris en flagrant délit à répétition par sa femme Junon.

 

Puis le ciel profond et mystérieux, illuminé par les constellations, souvent des souvenirs des amours passés. Dans la musique baroque, les dieux sont souvent orgueilleux, arrogants mais susceptibles, changeants ; on épie le pire de nous-mêmes dans leurs portraits mais, dieu sait qu’on s’y attache, à Jupiter, Diane et Apollon !

 

Cher Michel, en matière de diva, nous avons la chance de pouvoir entendre tous ces personnages être incarnés par la soprane Julie Fioretti et le baryton Olivier Bergeron. Ces chanteurs interprètent ces pages avec pathos et humour à la fois.

 

Et pourriez-vous, Jay, nous éclairer sur la vie de « l’Olympe » dépeint par la musique du 17èmes. … un long fleuve tranquille, un univers impitoyable… ?

 

Notre mer musicale est trouble et mouvementée. Nous traversons plusieurs tempêtes avant de retrouver des eaux calmes et limpides !

 

Un peu à l’image du nom de votre ensemble « Fuoco E Cenere » (Feu et Cendres) non ?

 

Le feu et les cendres sont ceux du Phénix, oiseau fabuleux et symbole de la renaissance. Intéressé par la musique très jeune, j’ai eu la chance d’entendre des figures mythiques telles la soprane Renata Tebaldi, le pianiste Vladimir Horowitz et le violoniste David Oistrakh. Notre ensemble se veut un pont entre plusieurs générations et différentes expériences.

 

Jay, vous savez que vous allez vous produire dans le Nord ! Ne craignez-vous pas que le ciel étoilé et les constellations invoquées ne soient une fois de plus jalousés par les méchants nuages d’un Dieu courroucé…

 

Dans mon imaginaire, je suis assez sudiste, l’innocent berger qui court librement sur les plages de Naxos. Mais comme tous les musiciens le savent, la chaleur du public du Nord contredit tout présage de mauvais temps.

 

 

Les Dieux vous entendent, cher Jay ! Et vous, cher public, n’oubliez pas votre petit coussin et surtout vos jumelles et longues vues pour ne rien perdre des tribulations amoureuses de nos divinités dans un ciel qui s’annonce divinement stellé ! Nous pourrons cette fois abuser sans modération du café-rencontre des gourmets préparé par notre belle « cantinière baroque » Dame Béa à l’issue du concert. Foin de l’insomnie en effet puisque le festival nous propose de poursuivre l’aventure dans les étoiles à l’observatoire astronomique Uranie de Saint-Saulve pour une séance nocturne dès 23h00 !

 

Propos recueillis par Michel Fielbal

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