[L’entretien des muses] avec le ténor Reinoud Van Mechelen

Après Anna Schivazappa, c’est au brillant ténor belge Reinoud van Mechelen de se prêter au jeu de nos questions-réponses. Il nous proposera avec son ensemble « A nocte temporis » (depuis la nuit des temps) un excellent moment de détente dans un concert de cantates comiques à l’église d’Artres le Dimanche 13 mai 2018 à 16h30.

 

 

Reinoud Van Mechelen, avec la magnifique carrière soliste que vous menez, d’où vous est venue cette envie de créer votre propre ensemble « A nocte temporis » ?

 

Je me considère comme très chanceux de pouvoir travailler régulièrement avec des grands chefs et de superbes collègues. J'ai appris et j'apprends encore maintenant beaucoup à leur contact.

 

Je ressentais néanmoins le besoin artistique d’interpréter de temps en temps la musique que je voulais, avec les gens que j’avais choisis et de la façon qui me faisait envie. Disons que j’éprouvais ce besoin comme une nécessité pour l'équilibre de ma carrière.

 

Je suis très content de chanter avec des chefs et d'apprendre auprès d’eux mais l'envie de “mener personnellement” la musique est présente aussi. En dirigeant mon ensemble, j'apprends énormément, musicalement et humainement, mais d’une autre manière. C'est sans doute le mélange de ces deux approches qui m'attire tant.

 

 

La complicité artistique et musicale des membres de « A nocte temporis » est évidente quand on vous voit sur scène. Comment expliquez-vous une telle connivence ?

 

Comme je vous l’ai dit, une des envies qui m'a poussé à monter mon ensemble est de pouvoir réunir autour de moi des gens avec qui j'aime faire de la musique. Même si « A nocte temporis » est un ensemble qui n'est pas constitué d’une équipe fixe, je réunis dès que je le peux des personnes avec qui je sais que l’on va pouvoir créer et transmettre de la bonne musique. On se comprend et la musique en devient d’autant plus belle…

 

 

Dimanche 13 mai, vous interpréterez des cantates comiques : pourquoi « comiques » ?

 

L'idée de la sérénade burlesque, titre du concert à Artres, m'est venue après que j'avais déjà construit le programme des cantates de Clérambault (notre deuxième disque qui vient de paraître).

 

Pendant mes recherches dans le répertoire des cantates françaises, je suis tombé par hasard sur quelques cantates que j'ai trouvées tout de suite très amusantes et musicalement intéressantes. La cantate de « Rien du tout » de Nicolas Racot de Grandval est donnée de temps en temps, mais « le Ragotin » d'un compositeur complètement inconnu, Laurent Gervais, ne fait pas du tout partie du répertoire habituellement joué.

 

J'aime bien l’idée de jouer de la musique qui n'est pas souvent donnée. Je trouvais aussi très intéressant pour nous, le public, l'ensemble et moi-même en tant que chanteur de pouvoir proposer un « contre-programme » au programme plus sérieux des cantates de Clérambault.

 

Travailler les extrêmes nous fait beaucoup avancer en tant qu'artiste, je trouve. Il faut savoir que le comique, même s’il a la fausse réputation d’être facile, est un registre loin d’être aisé à réussir !

 

 

Ces cantates comiques représentent donc pour vous un défi particulier ! Sur le plan vocal, vous posent-elles aussi des difficultés ou des contraintes particulières ?

 

Oui tout à fait! On a déjà interprété ce programme plusieurs fois : chercher des voix de caractère, se retrouver au contact assez frontal avec le public, sans trop penser au chant, est difficile pour moi. Je dois donc toujours trouver le bon dosage dans ce programme.

 

 

Est-ce la 1ère fois que vous vous produisez au Festival « Embar(o)quement Immédiat » ? Comment le percevez-vous ?

 

J'ai déjà chanté dans la région à plusieurs reprises mais je ne pense pas que je me sois déjà produit au sein de votre Festival.

 

Pour un Belge qui habite en France, la région est un peu particulière. J'y passe souvent en voiture et c'est vraiment un lieu où les cultures (même si elles sont très proches) se côtoient et se mélangent. Je trouve l'équipe du Festival très enthousiaste, faisant beaucoup d'effort pour avoir une belle programmation et un bon contact avec leur public.

 

Depuis que j'ai monté moi-même une structure, je me rends encore plus compte combien il faut beaucoup de courage et de ténacité pour traverser toutes les contraintes administratives avant d’arriver à un résultat artistique comme celui du Festival « Embar(o)quement Immédiat ». Les personnes qui sont derrière des festivals comme celui-ci sont des forces très importantes pour notre métier! Merci à elles...

 

Propos recueillis par Marie-Do Trompette et Michel Fielbal

Reinoud Van Mechelen