[L’entretien des muses] en compagnie de l’ensemble “Les Timbres”
Se sont-ils donné le mot ? Toujours est-il qu’après la musique des Mousquetaires d’Amarillis (cf notre dernier entretien), l’ensemble “Les Timbres” nous invite à un Tournoi Musical ! Préparez votre tenue de « Héraut d’armes » et rendez-vous au Château de l’Hermitage de Condé-sur-Escaut le samedi 26 mai à 18h30 sonnantes ! On s’est rapproché des jeunes musiciens des Timbres afin qu’ils nous en disent plus sur les règles de ce Tournoi singulier !
Un tournoi musical au château !? Un concept alléchant et qui pique notre curiosité…
Le suspense inhérent à une manifestation comme un concours (que l'on trouve exacerbé dans un match sportif), le succès que cela a auprès du public, nous a conduits à réfléchir à une formule originale de concert, où cet élément d'incertitude serait présent. Et pourquoi pas le mêler à une interaction avec le public ? De là est née notre idée de « Tournoi Musical », concrétisant une de nos envies profondes : celle de partager notre art avec un public des plus variés à travers un concept simple et enthousiasmant.
Partager votre art avec le public, certes ! Mais quel rôle lui sera dévolu dans ce tournoi ?
Le programme de notre concert sera soumis au choix du public. C’est simple et cela se résume en trois phases :
Joute initiale : quatre nations en compétition dans de courtes pièces (la France, l’Allemagne, l’Angleterre et l’Italie).
Inter-joute : chaque participant de la tribune vote pour deux des quatre nations pendant l’entracte.
Joute finale : Les 2 pays finalistes rivalisent dans des pièces de plus grande ampleur à la fin desquelles l’assemblée désigne le vainqueur et l’intronise « Nation coup de cœur du Festival » !
Une philosophie originale du concert semble se dessiner derrière cette proposition enthousiasmante…
Tout à fait, s'articulant quasiment comme un "vrai concert normal", le Tournoi Musical donne en effet une part importante à la notion d'égalité de la musique pour tous. Ainsi le vote de chaque auditeur a la même valeur, que celui-ci soit mélomane averti ou néophyte complet, homme ou femme, d'une confession ou d'une autre, qu'il habite au fond d'une montagne ou dans une grande ville, qu'il ait 7 ou 77 ans !...
Et vous trois, vous êtes-vous « affrontés » lors de joutes musicales avant de former votre ensemble actuel ?
Il est des coïncidences dans la vie qui ne s’expliquent pas… On a l’impression que c’est du ressort du hasard, et en même temps, que ça n’aurait pas pu être autrement.
C’est le cas de la création de l’ensemble Les Timbres : l’histoire banale de trois jeunes étudiants musiciens qui décident de faire de la musique de chambre ensemble. L’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais voilà que la mayonnaise prend, que les récompenses de grands concours internationaux font connaître le groupe, et que, à un moment donné, sans qu’on en ait perçu la gestation, un ensemble est né, dont les caractéristiques sont d’autant plus fortes qu’elles n’ont pas eues à être imaginées, mais qu’elles s’ancrent dans une réalité observable.
Et cette notion d’égalité que vous prônez dans vos concerts, l’appliquez-vous au sein de votre ensemble ?
Absolument ! Les Timbres pratiquent leur musique dans un souci démocratique, en donnant à chaque voix, même la plus petite, la place d’être entendue : par conséquent, l’ensemble n’a pas de directeur artistique. Même si Yoko, Myriam et Julien sont à la base de nombreuses décisions précédant la mise en œuvre de projets, au cours de l’élaboration artistique de ceux-ci, tous les artistes réunis sont également partie prenante du projet musical. C’est pour cela que l’ensemble se consacre, sans distinction d’esthétiques ou même de disciplines, à des projets légers, ne dépassant pas une dizaine d’artistes, qui permettent à chacun de s’exprimer.
J’ai entendu dire que vous avez vécu une belle aventure en 2009 au concours de Bruges sous le nom de «YOJU- MI KAWORI » ! Vous nous mettez dans la confidence ?!
(Air de surprise) Vous êtes bien renseigné ! Quand nous avons passé (et gagné !) le concours de Bruges en 2009, une création contemporaine était imposée... Nous avions demandé à un ami compositeur de nous écrire une pièce. Mais très peu avant le concours, celui-ci s'est... désisté !!! Pas le choix, nous avons donc retroussé nos manches et composé nous-mêmes cette pièce imposée. Mais comme nous n'assumions pas complètement l'idée, nous avions caché le nom du compositeur dans une sorte d’acrostiche à la sonorité nippone, où se cachent nos trois noms … !
« Yoju-Mi KAWORI » venait de voir le jour !
[YO]ko - [JU]lien - [MI](y)riam - [KA]wakubo - [WO]lfs - [RI]gnol
Nous passons donc le premier tour, où nous jouons cette pièce, et nous nous rendons à la proclamation des résultats... grand bonheur, nous sommes reçus pour le deuxième tour. Mais... voilà qu'un certain Yoju-Mi Kawori est appelé sur scène, car il vient de recevoir le Prix de la Meilleure Création Contemporaine !!!
Nous trois, coincés tout en haut de la salle de musique de chambre du Concertgebouw de Bruges (pour ceux qui connaissent), on se demande bien que faire !!! (En plus, les résultats sont en flamand, donc nous avons besoin que Julien traduise à Yoko et Myriam...). Finalement, nous descendons et, un peu gêné, nous racontons l'histoire de Yoju-Mi.... Grande explosion de rire de la part du jury et du public, qui n'en trouvent la pièce que meilleure !!!
Et cette pièce, qu’est-elle devenue ?
Eh bien, si curieux que cela puisse paraître, elle nous a souvent été demandée en concert... et certaines personnes ont même parfois trouvé des dates de naissance - et de mort !!! - à notre compositeur fictif...
Je crois que vous êtes déjà venus au festival ! De bons souvenirs j’espère ?!...
(Regards complices et unanimes) Pour nous, avant tout un lieu, une ambiance !
Côté lieu : le Salon d'Honneur de Condé sur l'Escaut... Quelle découverte ! Incroyable pour nous d’investir en musique, avec nos instruments et nos notes des lieux si incroyables, si chargés d'histoire, et de les faire vivre d'une façon nouvelle.
Côté ambiance : l'accueil si sympathique et familial du dimanche matin, parfait exemple de la fameuse chaleur du Nord !!! Et enfin, le pique-nique sur le parvis du château de Condé-sur-l'Escaut avec une partie du public et amis... où Yoko s'est coupé le doigt (heureusement après le concert !!!).
Eh bien amis musiciens, nous relevons le défi ! Soyez sûrs que le public des « Hauts du Royaume de France » fera honneur à votre Tournoi et mettra tout son cœur pour élire son « Champion » ! Et vous, Hennuyères, Hennuyers, tous en lice et n’oubliez pas pour cette belle occasion vos bannières et fanions !
Propos recueillis par Marie-Do Trompette et Michel Fielbal