[L’entretien des Muses] reçoit «l’observatrice» du quatuor Kitgut !

Très régulièrement invitée au festival « Embar(o)quement immédiat », la violoniste Amandine Beyer nous revient le dimanche 05 mai 2019 en l’Église Saint-Géry de Valenciennes avec un nouvel ensemble et un nouveau projet artistique ! Entre deux escales et deux concerts, Amandine a eu la gentillesse de me contacter pour nous confier l’esprit de ce souffle nouveau…

 

 

Chère Amandine, tu reviens au festival avec une « autre casquette », celle d’un membre de quatuor ! Un nouvel outil… un renouveau musical… l’envie d’un autre horizon… ?

 

Cher Michel, pour être concise, « Kitgut Quartett » existe déjà depuis quelques années. Notre première apparition sur scène date de 2014, et comme c’est le cas pour chaque projet, il a surgi d'un besoin musical particulier. En tant que musiciens, nous sommes tous les jours sur les pistes d'un nouveau départ, avec des forces renouvelées et beaucoup d'enthousiasme, sinon je crois que je ne serais plus violoniste depuis longtemps !!!

 

Alors donc « Kitgut »… un sens caché, un compositeur oublié, une formule incantatoire ? … D’où vient le nom assez énigmatique de cet ensemble…

 

Eh bien c’est tout simple (!), Kit comme « kitten », petit chat, et gut comme gut, dans « gutstring », corde en boyaux. Il se raconte qu'il y a de cela trois siècles à Londres, les fabricants de cordes en boyaux, jaloux de leurs secrets de fabrication et soucieux de ne pas se faire dérober leur précieuse marchandise, faisaient courir le bruit que leurs cordes étaient faites en boyaux de chat. Vu la réputation sulfureuse de cet animal à l'époque, les artisans éloignaient ainsi les curieux et les voleurs...

 

Eh bien, gageons que sous l’égide d’un tel « patronyme » musical, vous n’allez pas éloigner « les Honnêtes Curieux » mais simplement les fausses notes ou les mauvais accords !!!

 

Donc, Amandine, toi et tes amis êtes dans une phase d’« Exploration(s) » : thème du festival 2019 choisi par son directeur artistique Yannick Lemaire. Dis-nous dans quelle mesure le programme de votre concert reflète cette thématique ?

 

Ce programme a été imaginé par Naaman, l'autre violoniste du groupe. Grâce à son enthousiasme débordant et sa culture développée tous azimuts, il a eu l'idée de partir sur les traces de la musique à quatre voix avant la période classique, moment où le quatuor a acquis une telle importance.

 

Nous, Naaman « le visionnaire », Josèphe « la poétesse », Frédéric « le brillant » et Amandine « l'observatrice »… ou dans n'importe quel sens d’ailleurs! (Amandine éclate de rire !) avons mis en commun nos connaissances et nos envies afin d'articuler toute une série d'explorations autour de Haydn : la première de notre cycle et celle que nous vous présenterons en mai s’articule autour du quatuor op. 71 n°2 en Ré Majeur du compositeur autrichien, de fantaisies d’Henry Purcell et d’extraits de « La Tempête » de John Locke!

 

Puis notre quatuor s’orientera vers d’autres explorations autour de Mozart, de Beethoven et de Schubert…

 

- Avec de tels « épithètes homériques » en bandoulières, nos explorateurs vont, j’en prends le pari, emmener très loin le public qui aura fait le choix d’embarquer au sein du vaisseau « Kitgut » !!! -

 

Que ce soit en soliste, en duo avec ta sœur Laurence ou avec l’ensemble « les Incogniti », Amandine, tu es une habituée du festival. (Certains disent une des grandes chouchous de Yannick Lemaire et de Marie-Do, mais…chut !) Quelle est ta motivation à revenir dans notre petite province, toi qui fréquentes les plus grandes scènes du Monde ?

 

Alors passons vite sur l'épisode chouchou (mais je suis très flattée !!!!)… Quand on joue de la musique du XVII ou XVIIIème siècle, on devient presque automatiquement sensible aux conditions d'écoute, aux lieux historiques, aux charmes des petites églises perdues dans les champs, aux parquets des salles de palais, aux pierres dorées des pavillons de campagne, aux fleurs entourant les granges ensoleillées... évidemment, cela n'empêche pas d'aimer les belles et grandes salles. Mais "Embar(o)quement immédiat" nous permet selon moi de rester proche de l'essentiel : la musique et les personnes et cela n’a pas de prix.

 

Et dans cet esprit, aurais-tu alors un souvenir du festival (un beau bien sûr !) à nous partager… ?

 

En parlant de lieux merveilleux, le château de Condé-sur-l'Escaut en septembre dernier m'a comblée !!!!

 

Oh oui, les happy few qui ont assisté à ce concert au Château n’ont pas oublié « le Rappel des oiseaux » de Jean-Philippe Rameau que Vadim Makarenko et toi avez sublimé dans cette magnifique rotonde baignée de lumière et métamorphosée par vos archets magiques en merveilleuse volière…

 

C’est sûr, ce fut un concert du dimanche matin comme on aimerait en avoir souvent, en compagnie d'un public charmant et souriant sous un ciel azuré… que rêver de mieux…

 

Eh bien, chère Amandine, nous « rêverions » que tu prennes tes quartiers d’hiver (et d’été !) dans le Valenciennois ! Toute l’équipe du festival saurait te chouchouter ! Mais ne soyons pas trop gourmands, nous savons bien que tu nous gâtes déjà beaucoup par ta venue régulière au festival et nous avons hâte de faire connaissance du « visionnaire », de la « poétesse » et du « brillant » sous ton œil bienveillant d’ « observatrice » en mai prochain !

 

Propos recueillis par Michel Fielbal

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