[La Petite Chronique du Festival 2018] Concert de l'ensemble Le Caravansérail

Quatre inoubliables « Concerts Brandebourgeois » ce samedi soir au Phénix de Valenciennes : « L’Offrande Musicale » de Bertrand Cuiller et du Caravansérail aux festivaliers… comblés !

 

 

Une cohorte d’instruments en façade et un beau clavecin rouge au milieu, mais en arrière-plan, comme le point d’ancrage d’une fine équipe en perpétuel mouvement.

 

« La musique est peut-être l’exemple unique de ce qu’aurait pu être – s’il n’y avait pas eu l’invention du langage- la communication des âmes. » Au risque de déplaire à Marcel Proust, la musique a bel et bien damé le pion au langage ce soir ! Et c’est à travers le merveilleux dialogue des instruments que cette alchimie des âmes s’est opérée sur scène avant de gagner bientôt la salle toute entière !

 

En écoutant la musique virevolter d’un instrument à l’autre, l’image d’une joyeuse bande de gamins heureux jouant dans la cour de l’école a pris place dans mon esprit et ne m’a plus quitté du concert ! Le bon maître d’école, le vieux Bach, revivait sa jeunesse en voyant s’égailler dans la cour ses petits protégés : Bertrand, Jocelyn, Marine, Johanne, Sophie, Gabriel, Stephan, Myriam, Marta, Simon, Marion, Isabelle, Mathurin sans oublier Benoît, pas un seul dont il ne soit fier !

 

Le second mouvement du cinquième concerto offrit un merveilleux jeu de passes en trio, tandis que le premier, après un belle période d’échanges collectifs, avait vu le petit Bertrand monopoliser la balle un long moment : Monsieur Bach donna finalement du sifflet pour lui rappeler que, malgré son talent manifeste, il n’était pas question de vedette dans l’équipe ! Le quatrième concerto offrit quant à lui une belle joute entre les deux flûtes et le violon, celles-ci taquinant l’archetière et la poussant dans les derniers retranchements de sa virtuosité ! Dans le fameux troisième, les trois équipes de cordes sont apparues plus resserrées que jamais dans leur partie de terrain respective : la partie s’annonçait sans quartier ! Le temps d’une courte pause de deux notes miraculeuses et suspendues, la bataille reprit de plus belle et prit fin sans qu’aucun ne pût réclamer la victoire !!!

 

À de maintes reprises, je voyais les instruments s’échanger le ballon, dribbler leurs partenaires, se courir l’un après l’autre… j’assistais au « bonheur » de jouer ensemble et regrettais de devoir rester sur la touche et de ne pouvoir qu’applaudir au spectacle !

 

Les festivaliers sont doublement chanceux ce soir : ils viennent d’assister à un match d‘anthologie et ce n’est que le tout premier d’un tournoi qui va durer tout le joli mois de mai dans le valenciennois !!!

 

Texte : Michel Fielbal / Photos : Francis Delaby

2018 05 12 Embaroquement Caravanserail Brandebourg