[La Petite Chronique du Festival] Madonna della grazia

En cette veille de fête des mères, un émouvant hommage a été rendu en l’église de Maing à celle qui accompagne et protège ici-bas les croyants : Madonna Della Grazia. Son cortège, le magnifique ensemble « Il Caravaggio », emmené par Camille Delaforge au son de son orgue et de son clavecin…

 

Impossible de ne pas la reconnaître, c’est « la fille du Nord », blonde, à la peau de lait et aux yeux bleus, venue offrir de la clarté à ses compagnons du sud au teint hâlé, à la généreuse chevelure d’un noir magnifique : pas de doute, nous avions mis le cap sur le sud… et étions prêts pour les « Pérégrinations en Méditerranée » annoncées dans le programme. C’est alors que, venue du fond de l’église, sans crier gare, une voix solitaire, claire et profonde nous enveloppa tout à coup avec force et douceur à la fois. Un long frisson me parcourut tandis que la voix s’approchait progressivement de l’autel et de ses « compañeros » musiciens encore muets et visiblement émus :

 

Stabat Mater dolorosa

Juxta crucem lacrimosa

Dum pendebat filius

 

La mère douloureuse se tenait debout

Au pied de la croix, en larmes,

Tandis qu’on y suspendait son fils

 

Le baryton Guilhem Worms fut bientôt rejoint par sa compagne de voyage, la mezzo-soprano Anna Reinhold. Tous deux, complices et heureux de faire route ensembles, nous offrirent un magnifique florilège de chants dédiés à la Vierge dont les accents italiens, corses, sardes, ou encore napolitains venaient se fondre dans le bleu infini de notre chère « mare nostrum » !

 

Parfois, « voces tacebant » et alors le théorbe aussitôt accompagné par les violes nous offraient quelques instants de poésie pure et d’infinie douceur avant de retrouver leurs « maîtres-chanteurs »…

 

Tod’ aquel que pola Virgen

Quisér do séu ben fazer,

Cousa que ille faça

Mingua grande non à de perder.

 

Tous ceux qui au nom de la Vierge

Souhaitent faire du bien,

Ne perdront jamais les choses

Qui leur sont précieuses.

 

Par l’hommage qu’ils ont rendu à la Madonne cet après-midi, Anna et Guilhem, entourés amoureusement de Camille, Ronald Martin Alonso, Lucas Peres et Benjamin Narvey, nous ont offert ce qu’ils ont de plus précieux : leur amour du partage de la Musique! Le public valenciennois les en remercie profondément et leur souhaite en retour tout le « bien » du monde dans leurs pérégrinations à venir…

 

Texte de Michel Fielbal / Photos de Francis Delaby