[La Petite Chronique du Festival] Passions de l'âme

Les deux violonistes Yoko Kawakubo et Odile Édouard, le théorbiste Thibaut Roussel, la violiste Myriam Rignol et le claveciniste Julien Wolfs entourant le couple d’amoureux Élodie Fonnard et Marc Mauillon ont « charmé » le public venu « se perdre » dans les affres de l’Amour en ce dimanche après-midi à l’église d’Aubry du Hainaut !

 

La traditionnelle clé d’écoute nous annonça le « Johnny Hallyday » du 17è siècle, rien moins que ça ! Il avait pour nom Michel Lambert et avait fait chavirer à l’époque bien des cœurs avec ses « timbres » (comprenez  ses « tubes » selon l’explication éclairée de Myriam), déclinant l’Amour à l’infini dans ses airs de cour !

 « Mes yeux, que vos plaisirs coûtent cher à mon cœur,

Vous avez voulu voir Sylvie,

Et vous en avez su la mortelle douceur :

Si j’ai satisfait votre envie,

Hélas ! c’est aux dépens du repos de ma vie.

Mes yeux, que vos plaisirs coûtent cher à mon cœur. »

 

Dès le premier air, tout était dit ! Et tout alors prit vie dans le regard… regard de Marc au port altier et amoureux pour le sourire infini d’Élodie, regard suspendu de Myriam à cette idylle naissante, la tête délicatement posée sur le manche de son instrument momentanément au repos, regards complices encore des instrumentistes émus et peut-être un peu envieux de n’être que les « témoins importuns » de ces « plaisirs » et de cette « mortelle douceur » !  

 

« Quand le respect me fait cacher ma flamme

Aux témoins importuns de nos doux entretiens,

Ses yeux s’instruisent dans les miens,

De tous les secrets de mon âme,

Et me font connaître les siens. »

 

C’est alors que, comme un écho, quelques vers du poème de Paul Éluard se sont rappelés à mon souvenir.

 

« La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur,

Un rond de danse et de douceur,

Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,

Et si je ne sais plus tout ce que j’ai vécu

C’est que tes yeux ne m’ont pas toujours vu.

Le monde entier dépend de tes yeux purs 

Et tout mon sang coule dans leurs regards. »

 

Michel Lambert et Paul Éluard se seraient rencontrés, on n’ose imaginer l’air de cour qui nous aurait alors été donné !

 

Puis, le temps de magnifiques pièces en trio de Marin Marais, Yoko, Odile, Myriam, Thibaut et Julien, libérés un instant du doux devoir d’accompagnement des amoureux, retrouvaient le bonheur de jouer ensemble, « à parts égales », pour un public tout à eux!

 

Mais bientôt l’Amour revint pour nous délivrer son ultime message :

 

Il faut aimer

C’est un destin inévitable

Il n’est point de cœur indomptable

Que l’Amour ne puisse charmer.

Mais surtout quand on est aimable

Il faut aimer.

 

Le cœur bouleversé, nous repartons tous ce soir avec l’envie d’aimer, le saurons-nous… en tout cas l’ensemble Les Timbres et ses merveilleux amoureux Élodie Fonnard et Marc Mauillon nous en ont dévoilé « le plus doux chemin »…

 

Texte de Michel Fielbal / Photos de Francis Delaby

 

2019 05 19 Embaroquement Passions de l_A#me 33